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RechercherDerniers commentairescette histoire est très émouvante et donne à réfléchir .
elle change du registre humoristique, fantaisiste et
Par Anonyme, le 13.08.2019
Date de création : 19.06.2019
Dernière mise à jour :
04.10.2019
23 articles
Les biographes, historiens et chroniqueurs en tous genres étalent toujours, et c’est normal, la vie de personnages de légende, ayant accomplis des destins hors du commun. Qui serait captivé par les aventures extraordinaires d’un Gérard Trouduc?? D’un Sébastien Lecornu? Pour seulement parler de moi, qui aurait le courage de s’intéresser à ma morne existence, à part ma psy? Même ma Zaza s’en est lassée, c’est tout dire.
Et pourtant, certains hommes, certaines femmes, dont les noms sont restés dans l’ombre des ténèbres des oubliettes des abimes du temps, ont mérité qu’on le prenne, le temps, afin de jeter un regard sur leurs parcours.
Aussi, je me propose de vous relater la vie peu commune de Matéo Zeycheck dont la postérité n’a gardé aucun écho. Et pourtant...
Il est né par inadvertance dans une succursale des postes, au début du siècle dernier. Sa maman voulait expédier une lettre en recommandé mais c’est de Matéo qu’elle a fait l’accusé réception. Le pauvre enfant a depuis trainé le surnom de ‘timbré de Belleville’, surnom d’ailleurs incompréhensible puisque la poste se situait à la Villette.
Seul enfant d’une famille dont le judéo christianisme était du plus vigoureux, le père exerçait le métier tant convoité de bruiteur de fond dans le cinéma muet et la mère exterminatrice de puces de lit au Georges V.
Promis très tôt à un avenir dans les ordres, Matéo qui avait échangé son bréviaire contre une paire de lorgnons, ne se sentait pas l’âme d’un saint. A l’âge de douze ans, il fit son baluchon et marcha sur Brest. Son but était de monter sur un bateau comme mousse. Plus tard, il écrira à ses parents pour les rassurer une lettre dans laquelle il explique son envie de vérifier par lui-même si le monde avait réellement quatre coins.
Pour faire court, il trouva vite un cargo pour l’accueillir, battant pavillon panaméen où des marins grecs lui apprirent, entre deux couchettes, qu’être mousse s’est parfois marcher sur une planche savonneuse.
Après une longue et dure initiation, Matéo acheva le capitaine avant d’en faire autant de son apprentissage en navigant sur d’autres bâtiments. C’est en découvrant le pingpong qu’il va s’épanouir. Devenant champion inter-navires, puis champion de France maritime, il remportera plusieurs saisons de suite le titre de champion du monde de pingpong en milieu instable. Son point fort, c’était les roulis. Plus les éléments se déchainaient, plus les conditions devenaient difficiles, plus il devenait injouable.
Il devait d’ailleurs participé aux jeux olympiques de Londres en 1908 où la médaille d’or lui était promise. Mais l’épreuve a dû être annulé, faute de tables. Dépité; il abandonnera le pingpong où son titre de champion est à nos jours toujours vacant.
Après plusieurs tours du monde, il quitta la marine pour voyager sur la terre ferme.
Durant ses pérégrinations, il rencontra des personnages qui allaient marquer l’histoire.
A Paris, il fit la connaissance de Louis Renault, auquel il conseilla de placer le volant à gauche et non au centre du véhicule. Dans une discussion à bâtons rompus, il émit l’idée que la voiture pourrait être recouverte de plaques d’acier, avec un système de chenilles à la place des roues. Avec une lance à eau sur le toit, elle pourrait trouver son utilité, lors d’incendies de forêt par exemple. A son grand dam, l’idée a été retenue mais on a remplacé la lance à eau par un obusier et on l’a appelé char d’asseau.
En 1912, il était professeur de français à Berlin. Un jour qu’il buvait tranquillement un schnaps dans une brasserie sur un grand boulevard, son voisin de comptoir, un petit homme à la moustache fournie, s’efforçant de rédiger un lettre dans la langue de Molière à sa maitresse française, répétait à voix haute ses annotations afin de s’en assurer la bonne tenue. Matéo, en bon français et par curiosité, jeta un œil par dessus l’épaule de l’inconnu.
— Heu… Eh gars, le ‘M’, c’est deux!
— Pardon?
— Kamasoutra, ça prend deux ‘M’ (vous comprenez maintenant pourquoi sa carrière de professeur de français ne s’est pas éternisée)
— C’est pas ça! Vous avez dit ‘Heu… Eh gars, le ‘M’, c’est deux’, c’est à dire ‘E égale MC2’!
Au comble de l’excitation, après avoir fait une boulette de la lettre qu’il enfouit dans sa poche, il remercia chaleureusement Matéo avant de partir en courant en répétant E=MC2! E=MC2! C’est ainsi qu’Albert Einstein devint le génie des génies.
Quand la première guerre mondiale éclata, Matéo s’engagea dans l’aviation où il devint le fer de lance de l’armée française. Ses affrontements avec le baron rouge sont restés célèbres: 10 combats, 9 défaites, un nul.
Après la guerre, il s’engagea auprès de Latécoère et participa activement à l’aventure de l’aéropostale. Mais trainant toujours son vieux surnom, il préféra aller planer ailleurs. Pas facile de s’entendre répéter tous les jours ‘ v’la le timbré de Belleville avec son courrier’.
Il avait rencontré chez Latécoère des Jean Mermoz! des Henri « Guillemet »! des Antoine de Saint-Exupéry! Saint-Exupéry, soit dit en passant, qu’il eu le temps d’influencer pour sa petite historiette de Petit Prince et de mouton, lui le grand amateur de méchoui.
En 1934, on le retrouve à Berlin où un petit peintre essaya de lui vendre quelques toiles. Il fit preuve de tant de conviction ce peintre, et avec tant de brio que Matéo, soulé de paroles, repartira avec 6 portraits. Seulement, il regrettera toute sa vie le conseil qu’il lui donna ce jour-là en même temps que les deutsche marks ‘arrêtes la peinture et lances-toi dans la politique. Avec ton baratin, tu iras loin.’ On sait ce qu’il est advenu du petit peintre qui signait ses tableaux d’un A. Hitler.
Après la guerre, dans laquelle il s’illustra de bien belles manières mais ce serait trop long à raconter, il rencontra à Llandudno au pays de Galles, petite ville située pas très loin de Ilio Gogogoch pour les connaisseurs, une japonaise, Sachiko Bùro, qu’il finit par épouser. Elle porta fièrement le nom de madame Sachiko Zeycheck et donna à Matéo trois beaux enfants qui réussirent chacun dans la vie, mais ce n’est pas notre propos.
A quarante ans, il fit la connaissance lors d’un voyage d’agrément aux Etats-Unis d’un homme, clown de profession. Celui-ci exerçait si mal son métier que le taux de suicides après ses représentations était alarmant. Cet homme avait une idée fixe, celle de se recycler. Et pas dans le vélo. Et pour se faire, il avait eu l’idée d’un nouveau concept dans la restauration rapide. Son idée était tout bonnement géniale mais les fonds pour l’appliquer lui manquait. Matéo lui proposa une association que Ronald accepta pour fonder, vous l’aviez compris, la célèbre chaine de restaurants Pizza Hut.
Matéo et Sachiko devinrent riches. Ils finirent leurs vies au soleil de Floride à un âge respectable. Age que je ne donnerai pas par politesse.
Voici donc la preuve par l’exemple d’une existence bien remplie et qui mériterait d’être mise en relief. Et pourtant, qui a entendu parler de Matéo Zeycheck? Qui??
Pas vous, n’est-ce pas?