Antoine Carennac
Humour et histoires farfelues.

Thèmes

afrique amis amour argent belle bleu bonne centre chez chien coup course

Rechercher
Derniers commentaires Statistiques

Date de création : 19.06.2019
Dernière mise à jour : 04.10.2019
23 articles


Une soirée ordinaire...

Publié le 04/10/2019 à 14:22 par antoine-carennac Tags : sur merci moi chez fond mort nuit film france monde coup place chien extra chat amour vie coeur bisous

Le ventilateur brassait l’air chaud et la sueur. Comme les autres joueurs autour de la table de poker, j’essayai de garder le visage impassible, malgré les regards… des regards de chiens qui tourneraient autour d’un os. La sueur perlait sur nos fronts livides. Elle s’écoulait en grosses gouttes le long du nez et tombait sur nos cartes.

L’atmosphère était lourde, comme après une blague de Mathieu Madénian et seules les annonces brisaient le silence… La partie était infernale et on se serait cru à Macao!

Face à moi, j’avais le plus terrible, le plus impitoyable des joueurs de poker qu’on ait vu depuis Patrick Bruel et des quatre flambeurs attablés, j’étais celui qui perdait le plus. En fait, les autres me ratatinaient!

Faut avouer qu’en matière de poker-face, j’étais plus proche de Mélenchon devant les représentants de l’ordre que de Kev Adams quant il exprime ses sentiments dans un film comique.

Ma chance m’avait trahi… une fois de plus. J’avais tout perdu. Mes filles et mon fils avaient tout raflé. Et c’est vers 1h du matin que ce dernier, après avoir piqué mon dernier billet, nous lança: « J’arrête. C’est l’heure de ‘Fear the Walking Dead’. »

Je sais, je ne devrais pas autoriser mon fils à trainer devant la télé à une heure si indue, surtout qu’il n’a pas encore 7 ans, mais j’étais encore tout dégouté d’avoir une fois de plus perdu. Et puis, il s’amuse tellement devant les morts vivants quant ils se font éclater la tête.

Les filles, elles, après avoir ramassé leurs mises constituées de fraises Tagada et de pilules d’ecstasy, sortirent leurs Smartphones et se retirèrent dans leurs chambres respectives. Comme toujours, je sais bien, elles vont s’installer devant leurs écrans d’ordi et chater jusqu’au petit jour. Merci Sosh! Bien sûr, j’aimerais mieux qu’elles se couchent mais tout compte fait, je préfère ça à les voir devant la télé où elles risquent de tomber sur le journal de la nuit avec son flot de de nouvelles terrifiantes. Après tout, elles n’ont que 9 et 10 ans.

Moi, je savais pas trop quoi faire, à part tourner en rond. J’allais pas déjà me coucher, ça fait à peine 2h que je suis levé! Je me suis donc assis dans le canapé, à côté de fils. J’ai regardé un peu son feuilleton en sirotant une bière que j’avais ouverte la veille et que j’avais oubliée. Elle était plus vraiment fraiche, mais en même temps, moi non plus.

Je regardai mon fils du coin de l’œil; il était mort de rire!

Je dois dire que je suis vachement fier de lui. Y’a combien de gamins d’à peine 7 ans capable d’apprécier toute la subtilité de ce genre de programme??

Moi, j’avoue que je m’emmerdais un peu. Quand tu as vu une décapitation, tu les as toutes vues. De plus, tous ces crânes explosés me rappelaient que je n’avais pas encore mangé. J’ai pensé d’abord à ouvrir une boite de raviolis mais je me suis souvenu que la bouteille de gaz était vide depuis un bon moment et que personne n’avait eu le courage de la changer. J’ai alors eu l’idée d’aller manger un morceau chez Djamila.

Elle tient un boui-boui rue du Thon Qui Noie, le ‘Bis Trop’ comme elle l’a si joliment nommé. Elle m’aime bien et il lui reste souvent un fond de couscous dans une gamelle.

Le problème, c’est que je n’avais plus un rond valide. Pour en récupéré un peu, il m’a fallu, Ô bassesse, faire l’aumône à mon fils. Ca n’a pas été facile, il est du genre radin. Mais bon, j’ai pas trop de scrupules et après avoir signé une reconnaissance de dette, j’ai pu filer chez Djamila.

Je suis arrivé chez elle juste quand elle allait fermer. Au début, elle voulait pas me laisser entrer, tout ça parce que la dernière fois, j’ai confondu le pot à shit avec l’urne funéraire contenant les cendres de sa grand-mère. J’ai finalement réussi à la convaincre en lui promettant de ne plus mettre de rosé dans mon Ricard. C’est vrai que ça ne me réussi jamais, les mélanges.

Avec Djamila, on s’entend bien. Elle, elle est à moitié sourde et moi j’ai des acouphènes. Ca rapproche.

Mes acouphènes, je les dois aux extra-terrestres, que je dis toujours en rigolant. En fait, je roulais de nuit en scooter (ça fait si longtemps qu’on m’a sucré mon permis de conduire que je ne me souviens plus pourquoi…) quand mon attention fut attirée par une étrange lumière dans le ciel (d’où les extra-terrestres). J’étais tellement subjugué par elle que je n’arrivais pas à en décoller les yeux. En fait, c’était la lumière rouge à l’arrière du toit d’un camion poubelle. Je l’ai compris quand je l’ai percuté. J’étais bien déchiré, ce jour-là….

Chez Djamila, je trouvais son couscous particulièrement bon, ce soir-là. De plus, elle avait sorti de derrière les fagots une bouteille de Sidi Brahim, je ne vous dis que ça!

En mangeant, j’avais pris conscience de l’absence de son gros chat. Il a l’habitude de trainer dans le café et de réclamer un peu de nourriture aux clients quant il le peut. Comme je l’interrogeai à propos de son mistigri, Djamila monta dans les tours:

- Sais-tu ce qu’il a fait cet après-midi, ce fils de chien?

- Oh là! Tu y vas fort en insultes! Et qu’est-ce qu’il a encore fait, ton gros plein de poils?

- Il m’a piqué la viande que j’avais préparé pour le couscous de ce soir!

- Quel salaud! J’imagine que maintenant, il se planque?

- Tu parles s’il se planque! Comment crois-tu que j’ai remplacé la viande?

J’ai d’abord eu un haut-le-cœur et j’ai avalé cul sec un grand verre de Sidi Brahim! Je l’aimais bien moi, ce chat, et j’allais engueuler Djamila quand j’ai entendu miauler. Djamila était en larmes, tellement elle rigolait! Elle m’avait bien fait marché. Quelle blagueuse, tout de même..

Je suis resté avec elle jusqu’à 4h du matin. On a vidé ensemble et équitablement 4 bouteilles de vin. Elle une, moi trois. Comme à chaque fois, elle a pleuré en me racontant comment elle avait perdu son mari au bled. Un chameau s’était assis dessus et il est mort étouffé. On imagine mal la taille des testicules de ces bêtes-là... Comme je suis bon camarade, j’ai pleuré avec elle. On s’est consolés et on s’est lamentés sur le sort du pauvre Monde. Pas la planète mais bien le journal auquel elle est abonnée depuis son arrivée en France. Puis j’ai fini par rentré chez moi.

Chez moi, les filles n’étaient toujours pas couchées. Elles discutaient sur Skype, tellement fort qu’elles doivent croire que plus un correspondant est loin, plus il faut parler fort. Surement pour aider les mots à couvrir la distance.

Mon fils avait fini par s’endormir devant le DVD  ‘American Horror Story’. Y’a rien de tel pour endormir un gosse. J’avoue avoir hésité un instant: je le mets dans son lit ou le le laisse sur le canapé? J’avais toujours pas digéré le coup de la reconnaissance de dette!

Comme je suis finalement un bon père (test ADN à l’appui, on ne sait jamais), je l’ai mis au pieu et je me suis installé à sa place dans le canapé. J’ai mis le DVD de Blanche-Neige et je me suis endormi avant l’arrivée des 7 nains. Si Blanche-Neige m’excite, eux me foutent toujours les jetons!

 

PETIT MOT PERSONNEL:

L'humble écrivaillon que je suis s'excuse pour les délais parfois longs entre deux histoires. De fait, il souffre d'une pathologie qui l'empêche de se concentrer comme il le souhaiterait et ceci de plus en plus souvent. De plus, futés comme vous l'êtes, vous vous êtes sûrement rendu compte à travers quelques histoires qu'il a perdu l'amour de sa vie et qu'il n'a plus vraiment de gout pour l'existence, pour le moins.

Je profite du seul moment où je vous parlerai directement pour vous remercier du fond du coeur pour votre présence et vous intéressez à ma pauvre prose. J'en suis tous les jours ébahi! Des milliards de bisous!!!

L'ingénu et le sacrifié

Publié le 19/09/2019 à 08:33 par antoine-carennac Tags : sur vie moi homme amis mort enfant maison monde

Je ne m’attendais pas à ça. Personne ne peut s’attendre à ça! Ce n’est pas pour mourir ici que je suis né. On nous avez juré qu’il ne resté qu’un dernier effort à fournir, que l’ennemi était acculé. Ce n’est pas du tout ça! C’est la folie ici, partout il n’y a que la mort!

Qu’est-ce qu’on fiche ici? Pourquoi nous a-t’on amené là? Je ne comprends pas. Tous autant que nous sommes, on a cru que c‘était pour notre bien . On avait tellement confiance en eux mais ça pue la mort ici!

Je suis encore jeune, comme la plupart de mes camarades. On nous a persuadé que c’était notre devoir, que c’était important. Que nous serions des héros! Nous avions confiance et aujourd’hui, je vois mourir mes compagnons dans la boue des tranchées, au milieu des rats.

Je suis encore si jeune. J’étais insouciant et j’avais la vie devant moi. Et nous voici, moi et mes frères a sentir notre fin venir. On ne pourra pas y échapper, ils sont si durs avec nous...

Je suis un enfant à qui on a fait croire qu’il était un homme, pour qu’il aille brûler en souriant sa vie d’adolescent sur le bucher des idéologies scabreuses. Et j’y suis allé! Avec tellement de fierté, tellement d’arrogance! Sans imaginer une seconde qu’on pouvait nous mentir.

J’ai vécu une jeunesse heureuse avec ma famille et mes amis. Je vivais ma vie d’enfant avec légèreté. J’ai toujours fait confiance aux hommes. Pourquoi ne l’aurais-je pas fait? On ne m’avait jamais fait de mal jusqu’à présent.

Mon père avait été appelé dès le début de la guerre. Il a disparu sur un champ de bataille. Quand ce fut mon tour de défendre la patrie, ma mère m’a accompagné jusqu’au train. Pendant tout le trajet jusqu’à la gare, elle n’a pas dit un mot.

Mon enfance n’a été qu’inconscience. On ne se posait pas de questions. Nous vivions en communauté et j’avais des tas d’amis de mon âge. La plupart sont ici , à patauger dans le sang. Le sang des innocents.

L’enfer est sur terre. J’en suis le témoin. Au milieu des explosions, les hommes tombent avec des cris à déchirer une âme. Impossible de fuir. Ceux qui ont tenté de le faire ont été rattrapés et abattus sans pitié. Fusillés au champ d’horreur.

Dès notre arrivée, on pouvait percevoir les cris d’épouvante et cette  atmosphère de mort. Nous étions terrorisés. Nous étions si jeunes! Personne ne voulait plus avancer, on avait compris ce qui nous attendait. On ne voulait pas mourir.

J’ai toujours sur moi la dernière lette de mon père. Elle est pleine d’espoir. Il pensait revenir à la maison très vite. Lui aussi a cru les promesses de nos chefs. Sa lettre, je la lis tous les jours pour me donner du courage.. Elle est bien pliée dans mon petit portefeuille qui se trouve dans une poche, sur mon cœur.

On est serré les uns contre les autres. On pleure. La honte n’est plus de mise ici. Mais le cœur des hommes est sans pitié. On crie, on supplie mais ils nous frappent et on est pas de taille à lutter. On nous matraque pour nous forcer à avancer, on nous pique. On va tout droit à l’abattoir.

Je sais que je ne reverrai jamais ma maison. Des hommes, quelque part, l’ont décidé ainsi. Nous sommes une génération de sacrifiés, ne servant qu’à nourrir une terre sale avide de sang. J’ai vu ceux d’en face. Ils sont comme nous. Aussi jeunes, aussi terrorisés.Je n’en n’ai plus pour longtemps, je le sais bien. J’ai aussi peur que mes compagnons, que ceux d’en face.

 Nous allons tout droit au massacre. Je me réfugie un instant dans mes souvenirs. Ma mère, cette grande dame immaculée, m’a élevée dans la joie et j’ai grandi dans la certitude que le monde était beau. Aujourd’hui je suis encore tellement jeune et pourtant, mes pieds barbotent dans le sang. Ce n’est pas l’enfer, c’est pire. C’est le monde des hommes!

Près de moi, il y a le cadavre d’un type avec la tête à moitié arrachée. On l’a obligé à monter sur une échelle pour vérifier hors de la tranchée la position de l’ennemi. Je le connaissais à peine. C’était un beau gars. Bientôt ce sera mon tour et le plus terrible, c’est que j’ai hâte d’en finir.

Mon cœur bat à mille à l’heure. Je vois venir la fin. Mourir dans cette puanteur, c’est pas juste. Je croyais que la terre appartenait à tous, pareillement pour toutes les races. Aujourd’hui, je vais mourir, sans même savoir pourquoi.

Ca y est! Un grand chef a décidé que l’heure de la boucherie avait sonné. Nous voila tous en ligne dans les tranchées, baïonnettes aux canons, prêt à nous lancer sur ces pauvres bougres de l’autre côté, qui nous attendent, aussi horrifiés et apeurés que nous. Dans un instant, une balle viendra traverser mon petit portefeuille qui contient la lettre de mon papa. Je la vois venir. C’est fini!

C’est fini. On ne peut plus reculer. Je suis contrains d’avancer vers ma mort, vers l’abattoir. Les hommes sont tellement féroces. Pensent-ils être des dieux? J’aperçois déjà des cadavres baignant dans leur sang. Le sang de mes compagnons. Nous sommes la race la plus douce et  affectueuse qui soit sur cette terre maudite. Qu’est-ce qu’on a fait pour être traité ainsi, nous les moutons??

 

Un grand amour!

Publié le 15/09/2019 à 10:30 par antoine-carennac Tags : sur merci vie moi coup amour dieu fille cadeau voiture homme chez enfants place

- Alors, comme ça, vous voulez épouser ma fille?

- Oui, monsieur. Depuis que j’ai fait sa connaissance, je ne pense plus qu’à elle.

- Vous vous êtes connus comment, déjà?

- Je ne suis pas prêt d’oublier ce moment. C’était par un après-midi ensoleillé, je revenais de la gendarmerie suite à une convocation. Une petite affaire à régler, une broutille. Une altercation avec un aveugle qui m’a regardé de travers. Enfin, c’est de l’histoire ancienne, maintenant, puisqu’il ne m’a pas pu formellement me reconnaître. Et donc, votre fille sortait de son lycée. Je la revois encore, dans son jean troué et son petit blouson jaune. Moi, je roulais tranquillement, 100, 110. Elle a traversé la route sans prêter attention à la circulation. Quelle tête en l’air, tout de même… C’est là que je l’ai légèrement percuté. Sans trop de dommages, la voiture n’a rien.

- Et vous n’étiez pas assuré, je crois…

- Non, d’où ma tentative de fuite. Mais Dieu merci, j’ai été bloqué par la circulation. Je me suis alors précipité à son secours et c’est à ce moment que je l’ai vraiment vu. C’était un ange, avec une jambe cassée… entre autres choses. J’y ai vu un signe du destin, un cadeau de la vie. Et dire que tout ça date tout juste de deux jours…

- Et ça a été le coup de foudre?

- Pas immédiatement. C’est à l’hôpital que je suis tombé réellement amoureux. Quand j’ai appris son identité. Elle semblait tellement fragile, allongée sur la civière. Elle devais penser que je culpabilisais. Comme si c’était possible. Mais dans ses yeux injectés de sang, je pouvais lire qu’elle me pardonnait, entre deux chocs du défibrillateur. Ca m’a beaucoup touché, je dois l’avouer. Pauvre petite fille. Elle doit être d’une constitution fragile, je l’avais à peine touchée.

- J’ai appris que vous êtes resté un long moment à l’hôpital. C’est bien de votre part.

- Oui, je ne pouvais pas partir sans avoir été rassuré sur son état de santé ni sans son adresse et son téléphone. Comment j’aurais fait pour arriver jusqu’à vous, autrement? Et il y avait aussi le problème de la police.

- Comment ça?

- Rien de grave. J’ai dû répondre aux questions des policiers. J’ai l’habitude. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent être tatillons, tout de même. Ils ont retourné mon permis dans tous les sens. J’étais pas vraiment tranquille mais finalement, tout c’est bien passé. Mes faux papiers sont plutôt bien réussis.

- Et maintenant, vous voulez épouser ma fille?

- Oui, monsieur. Ce serait un honneur pour moi et une chance pour elle.

- Pour elle?? Elle a 17 ans et vous 40! La chance serait clairement pour vous.

- Monsieur, en amour, l’âge ne compte pas. Le nom, si!

- De quoi parlez-vous? Je connais votre nom. Vous vous appelez François Piédeport.

- Je ne le nie pas. D’abord, c’est un joli patronyme que ma famille porte avec fierté depuis toujours. Sauf mon père et quelques frères. Ensuite, c’est un nom original.  Peu de gens le portent.

- C’est pas plus mal…

- Mais vous ne m’avez pas compris. Je parlais en fait du sien. Irène de la Fenêtre en Trouvert! Fille du célèbre magnat de la finance! J’ai reçu un vrai choc quand je l’ai appris.

- Et vous êtes tombé amoureux! Vous ne l’épousez donc que pour son titre!

- Pas seulement. J’ai vraiment ressenti une grande solitude chez elle, perdue au milieu de des infirmiers qui s’agitaient autour d’elle. J’ai tout de suite su que ce qu’il lui manquait dans la vie, c’était une personne solide, rassurante, auprès d’elle. Je peux même dire que je l’avais pressenti, une seconde avant que je la renverse.

- Et vous pensez être cette personne?

- Tout à fait. Elle a besoin d’un homme robuste et énergique, qui veillera sur ses intérêts. Quelqu’un avec un minimum d’honnêteté et beaucoup de patience. Et j’ai toutes ces qualités. Vous verrez vite que l’honnêteté, j’en ai le minimum.

- Pour être tout à fait franc, Mr Piédeport, ne seriez-vous pas plutôt intéressé par sa fortune?

- Monsieur, je suis un homme d’une grande probité. Il n’y a vraiment que dans les rapports de police que vous verrez mon nom galvaudé injustement. Alors, je ne vous dirai pas que la question de l’argent ne m’a pas traversée l’esprit. Ce serait mentir. Mais il faut bien que j’y pense! Songez à vos petits-enfants! Vous ne voudriez pas les voir grandir dans la misère étouffante et poussiéreuse d’un sinistre H.L.M.? Vous en auriez le cœur brisé!

- Parce que vous avez déjà décidé d’avoir des enfants??

- Votre fille, je ne sais pas, mais moi, je veux fonder une famille nombreuse. Comme mes parents! Voyez-vous, j’ai moi-même grandi avec 8 frères et 6 sœurs. Je sais donc que c’est la meilleure chose pour des enfants. De plus, ça créait une certaine émulation entre eux, ce qui les rend débrouillards. Chez moi, un de mes frères n’a jamais su faire sa place et il est meurt de faim. Quant aux autres, ceux qui ont survécus sont maintenant des personnes très recherchées. Surtout par la police, c’est vrai. On a bien sûr notre mouton noir qui est aujourd’hui curé, mais on lui adresse plus la parole depuis longtemps.

- Et vos sœurs?

- Mes sœurs sont connues du tout Paris. Celui qui fréquente le bois de Boulogne.

- Effectivement, votre famille est sacrément équilibrée mais je doute que ma fille apprécierait tant d’enfants. Qu’en pense-t-elle?

- Je ne sais pas monsieur. Et c’est là le problème! Figurez-vous que depuis l’accident, j’essaie de la voir pour lui déclarer mon amour mais on me refuse obstinément l’accès de sa chambre! On empêche à l’homme de sa vie de l’approcher. C’est juste scandaleux!

- Monsieur Piédeport, si je vous ai laissé m’exposer vos prétentions sur ma fille, c’était par amusement et pour juger de la profondeur de votre abêtissement. Vous feriez un sujet d’étude remarquable en psychiatrie. Il n’est pas question que vous approchiez ma fille et encore moins que vous l’épousiez. De plus, vous oublié que vous êtes déjà marié!

- Oh, ne vous en faites pas pour ça. J’ai déjà réglé ce détail. Depuis hier soir, je suis veuf!

Mr Dracula est demandé à l'accueil...

Publié le 10/09/2019 à 17:00 par antoine-carennac Tags : sur moi monde histoire nuit voyage bonne vie mort

Ah les vacances….

Je ne sais pas comment ce sont déroulées les vôtres mais les miennes ont plutôt été particulières et j’ai très envie de vous en parler un peu.

Comme toujours, c’est au soir du 31 Juillet que je prends conscience que je suis en congés le 1er Août. J’aime tellement mon boulot, contrairement à la majorité des gens. Mais tout le monde n’a pas la chance d’être accordeur de trompette!

C’est donc au dernier moment que je me décidai de partir en voyage. Le premier sans Zaza.

Depuis des années, j’avais envie de faire un séjour linguistique en Angleterre, histoire d’améliorer mon sens de l’humour, et quitte à choisir une destination, autant qu’elle ait un nom évocateur. Je suis donc parti dans le Sussex!

J’aurais pu choisir le Middlesex mais ‘middle’ se traduisant en français par ‘milieu’, pour des raisons de valeurs morales, je ne pouvais décemment pas errer dans le milieu du sexe! Je n’en serais jamais revenu vivant. Maudites valeurs morales, va!

Et c’est après un long périple dans la campagne anglaise, où j’ai pu admirer les farceurs de panses de brebis, dont le métier est tellement honoré et respecté là-bas qu’on parle d’eux comme étant de sacrés farceurs! J’ai également eu l’occasion de visiter les demeures de Pete Doherty, David Beckham et de Mr Been. La dernière s’est trouvée être la plus intéressante. Et évidemment, je ne pouvais pas traverser l’Angleterre sans me consacrer à l’étude pittoresque et exhaustive des pubs anglais. Etude dont je me suis adonné avec application.

C’est ainsi que je débarquai dans le Sussex. Débarquer étant le terme qui convient vu la manière dont je tanguais.

Que dire du Sussex? Charmant paysage aux couleurs expressives et picturales, où de folkloriques et bucoliques villages semblent sommeiller dans des reliefs piquants mais tourmentés. (Vraiment, je ne vois vraiment pas comment je pourrais être plus clair!)

Et c’est en titubant qu’un soir, sac au dos, surpris pas l’orage, (ou par une hernie, je ne sais plus) je sonnais à la première porte, à moitié torché. Moi, pas la porte. C’était celle d’une vieille demeure égarée à la sortie d’un de ces susdits villages, sur le bord de la nationale et pas très loin de l’autoroute.

J’avais à peine posé mon doigt sur la sonnette que le lourd battant, dans un grincement qui m’a fait penser sans trop savoir pourquoi à Miley Cyrus, s’ouvrit lentement sur le hall d’entrée le plus sombre que vous pourriez imaginer, sauf si vous fermez les yeux.

Moi, j’avais testé peu de temps avant toutes les bières que proposait le pub du coin et quiconque passant par là nous aurait vu, le hall et moi, aurait été en droit de se demander lequel de nous deux était le plus noir. J’étais donc dans un état dans lequel l’inquiétude n’a pas de résonnance et quand la lourde porte (non, ce n’est pas un pléonasme, la porte était vraiment lourde) s’ouvrit sur un type de 2 mètres de haut, le visage zébré de cicatrices, je ne me suis pas inquiété plus que ça.

C’est dans l’anglais le plus pur, entre deux hoquets, que je sollicitais l’asile pour la nuit au plexus qui me faisait face quand je me rendis compte en levant les yeux, que le géant ne comprenait rien. Etait-ce mon accent qui laisser à désirer? J’en doute. En regardant mieux, je remarquais son regard. Vide comme celui de Doc Gynéco lors d’une tentative de calcul mental. Quant à son faciès, il semblait constitué de morceaux piqués à d’autres visages. C’était un patchwork humain.

Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, il m’attrapa par le col et m’emporta à l’intérieur. Là, vous pensez que j’aurais dû commencer à m’inquiéter. Mais pas du tout, je trouvais tout ça très amusant.

J’atterris dans un immense salon, où un vieillard avait l’air de m’attendre. Il était étrange, vouté, vous regardant par en dessous. Il était affublé de vêtements qu’on aurait dit piqués à Iznogoud. Très orientaux.

Dans ce salon éclairé par de grands candélabres d’argent dont les branches se terminaient par des mains squelettiques tenant les bougies, je trouvais mon hôte très blanc, voir diaphane. Je pouvais presque voir ses dents à travers les joues. Ses canines étaient particulièrement impressionnantes.

Il me fit servir un petit alcool par son serviteur, Franck, un descendant d’Albert Einstein, je crois. Et d’ailleurs, c’est dans des cas comme celui-ci, en regardant ce malheureux serviteur, qu’on se rend compte avec tristesse que l’intelligence peut sauter plusieurs générations. Pauvre Franck Einstein.

C’est après avoir bu mon petit apéro que j’ai commencé à avoir des visions. D’abord des rats ont commencé à courir sur le plancher dans tous les sens. Mais ce sont les chauves souris qui m’ennuyaient le plus. Elles m’empêchaient de me concentrer sur les paroles du vieux monsieur qui n’arrêtait pas de jacasser. Malgré mes efforts, je ne comprenais pas grand-chose, surtout avec les loups, dehors, qui hurlaient à la mort. J’ai bien cru comprendre qu’il était comte et qu’il venait des Carpates, mais ce n’est pas certain.

Pour être honnête, son petit alcool m’avait ouvert l’appétit. Je m’en confiais, espérant un petit quelque chose à grignoter. Mais il ne leur restait que du canard au sang et ça ne me disait rien. Alors j’attrapais mon sac et en sorti mon vieil opinel et de quoi me sustenter.

J’ai dû m’endormir très vite car la dernière chose dont je me souvenais le lendemain, c’est le vieux monsieur s’avançant vers moi, la bouche grande ouverte et les crocs en avant.

Au petit matin, je me réveillais sur le canapé, avec la trop fameuse casquette de plomb. J’aurais volontiers pris une bonne douche et un café chaud, ou inversement. J’ai appelé, espérant que le serviteur me répondrait mais il semblait avoir disparu. Je n’ai pas osé monter à l’étage, de peur de réveiller le vieux monsieur, au cas où il dormirait encore.. Alors j’ai ramassé mon sac et je suis parti.

Je franchissais à peine la porte que je croisais un vieux couple. Ils me regardèrent avec des yeux horrifiés en faisant des signes de croix à s’en déboiter l’épaule.

Troublé, je leur demandais ce que signifiait leur attitude. A les écouter, cette demeure était celle d’un démon, d’un vampire et personne n’en était jamais ressorti vivant.

Moi, en bon normand, je crois à la sorcellerie, aux goules et aux dames blanches et pas aux suceurs de sang. Je me moquais gentiment d’eux et pour les convaincre de leur erreur, je leur racontai ma soirée par le détail. J’évitai de parler des rats et des chauves-souris qui n’étaient clairement que divagations enfantées par un trop plein d’alcool.

J’en terminais en racontant comment j’avais dû taper dans mes réserves pour assouvir un petit creux quand la vieille dame, un vieux couple étant généralement constitué d’un vieux monsieur et d’une vieille dame, quand la vieille dame sursauta et me demanda ce que j’avais mangé. Je sortis de mon sac le reste d’un saucisson et lui tendis.

— Ce saucisson, monsieur, dit-elle après l’avoir reniflé, vous a sauvé la vie. C’est un saucisson à l’ail!

 

Guano et billevesées

Publié le 24/08/2019 à 16:04 par antoine-carennac Tags : sur moi france monde prix belle amis femme mer google pouvoir voyage voiture

De tous les hommes que j’ai rencontré, Fabien reste le plus étonnant. Il fait partie de cette espèce qui, si vous lui dites avoir franchi en vélo la côte de Veau Angelet, qui culmine à 35 mètres d’altitude, il vous avouera que l’été dernier, en vacances dans les Alpes, il s’est retrouvé mêlé aux coureurs du tours de France dans l‘ascension du Tourmalet, et que gêné de cette promiscuité, il a appuyé sur les pédales pour lâcher tout le monde et franchir en tête la ligne d’arrivée. Tout ça en mini-vélo!

Il était comme ça, Fabien, un peu vantard, beaucoup mytho, mais complètement gentil.

Un jour, alors que nous prenions un verre avec quelques amis au troquet Daro, près du Trocadéro, quelqu’un, je ne sais plus qui, a dit qu’il serait absent pendant quelques jours, étant dans l’obligation de rendre visite à une vieille tante à Gonflans sous Vireuse et que cette balade l’ennuyait profondément. Pour être honnête, ses mots exacts ont été ‘ça me fait bien chier’ mais nous sommes ici entre personnes de qualité et je me refuse à vous faire subir une telle vulgarité.

Toujours est-il qu’il n’en fallu pas plus à notre Fabien et c’est à un public conquit d’avance et ravi qu’il conta ses dernières élucubrations.

- Quand j’entends parler de Gonflans, je ne peux pas ne pas penser à Palapêche sur mer. Quel rapport, demanderez-vous? Aucun, sauf que moi aussi, c’était pour visiter une tante.

Vous connaissez peut-être Palapêche? C’est une petite station balnéaire sur la côte normande, entre Melbatot sur mer et les Grands Noyés. 500 habitants l’hiver, 50 000 l’été.

Ma tante m’avait envoyé un mail pour m’annoncer son prochain mariage, le huitième si je ne m’abuse, avec un riche exportateur de guano. S’étant souvenu qu’il y a quelques années, lors de vacances passées en Colombie, j’avais prêté main forte à leur gouvernement pour régler le problème des FARC, elle réclamait mon aide pour organiser la sécurité durant la cérémonie nuptiale.

Evidemment, je ne pouvais pas refuser mon aide à ma tata. Le problème était le financement pour régler le prix du voyage. J’avais à cette époque le compte en banque aussi sec que le cœur d’un premier ministre. Pas un rond et personne pour m’en avancer. Après avoir fait le tour des possibilités, du voyage en train sans ticket au détournement d’avion, j’optai pour l’auto-stop. J’avais traversé la Mongolie occidentale ainsi il y a quelques années, alors les 150 bornes qui m’attendaient ne seraient qu’une formalité.

J’avais choisi sur Google maps l’endroit qui me semblait le plus approprié à mon projet et c’est ainsi que je me suis retrouvé sur le bord d’une route que je ne connaissais pas, pouce levé, brandissant un carton avec ma destination écrite dessus et mon sac au pied. Futé, je m’étais installé à une vingtaine de mètres d’un restaurant avec parking, pour permettre à la personne qui m’embarquerait de pouvoir se garer facilement.

Ca faisait à peine 5 minutes que j’avais posé mon sac qu’une voiture me klaxonna. Comme prévu, elle se gara sur le parking et je dû courir pour la rejoindre. La voiture, je l’ai appris plus tard, était une Aston Martin DB 6 décapotable, couleur vert pomme. Je n’en croyais pas mes yeux. Surtout quand j’ai vu qui pilotait ce bijou. Blonde, 25 ans, corps de déesse et visage d’ange. Auprès d’elle, même Scarlett Johansson  ressemble à Alex Lutz!

Le temps d’un ‘montez’ expéditif et d’un jetée de sac sur la banquette arrière et je me retrouvais assis à côté de la plus belle femme du monde!

Au début du voyage, j’essayai de lier la conversation, de lier langue comme on disait autrefois, avec des ‘merci de vous être arrêter’, des ‘fait rudement beau aujourd’hui’ ou des ‘chouette voiture’,  mais mes propos, pourtant empreints d’une certaine originalité, ne parvenaient pas à briser la glace. La belle conduisait rapidement, regardant face à elle, le front assombri d’un sillon qui attestait une anxiété certaine.

Je m’étais résolu au silence depuis un bon moment quand soudain Georgette (ses parents adoraient Georgette Plana, pas de veine!) quand Georgette pila!

- Vous êtes un homme d’action, ça se voit tout de suite! J’ai besoin de votre aide!

Je ne demandais pas mieux que de la secourir, mais je m’étais engagé auprès de ma tata qui comptait sur moi.

- Auriez-vous un quelconque soucis, enfant des dieux?

- C’est mon père! Il est pris en otage. Je dois le sortir de la situation dans laquelle il s’est mis mais seule, je n’aurais pas la force. Aidez-moi et je vous promets que vous ne le regretterai pas.

Le choix était cornélien. D’un côté ma tata chérie et de l’autre l’incarnation de la grâce et de la beauté!

Tata! Georgette! Tata! Georgette! Tata! Georgette! Georgette! Georgette! Après une longue introspection faite de réflexion, de considération et de délibération, que j’ai retranscrit ici comme j’ai pu, mon destin m’apparut clairement: Allons sauver le papa de Georgette!

Dans un geste de reconnaissance  et dans un élan sans retenu, elle déposa de ses lèvres pulpeuses un baiser sur ma bouche ébahie et redémarra la voiture. On roulait à toute vitesse quand...

 

C’est le moment que choisi le téléphone de Fabien pour annoncer un SMS.

- Sur ce, les amis. Je dois prendre congé. Mon chauffeur est arrivé.

- Comment?? Tu t’en vas? Et ton histoire, alors? Comment ça se termine? Tu as pu sauver le père de la blonde?

- Oh, c’est tout bête, fit Fabien en enfilant son blouson. J’ai gâché le mariage de ma tante qui m’en veut toujours à mort en empêchant le père de Jo, Georgette, de l’épouser. Car oui, le père de Jo était le riche exportateur de guano. Jo et moi sommes maintenant fiancés et elle m’attend dans son Aston Martin devant la porte du troquet.

Et on le regarda, estomaqués, comme étourdis, traverser tranquillement le bistrot, s’installer dans une magnifique voiture vert pomme et échanger un baiser avec la plus belle créature qui ait jamais traversé mon champs de vision.

Quand je vous disais que Fabien était le plus étonnant des hommes!

 

Dépression...

Publié le 22/08/2019 à 07:10 par antoine-carennac Tags : sur vie homme chez enfants belle femme société travail mort heureux nuit sourire animal centre chien aime monde place dieu livres

Le vieil homme promène son chien. Il le sort tous les jours. Plusieurs fois par jour. Il l’aime son chien et celui-ci le lui rend bien. Une grande complicité les unit. Il ne lui passe jamais la laisse et le chien marche devant lui, jamais trop loin. Le chien tourne régulièrement la tête pour vérifier que son maitre le suit et aussi pour se rassurer.

Les passants les trouvent amusants, le vieil homme et son chien. Surtout le chien, qui ne sort jamais sans son bâton dans la gueule, le tenant parfois comme s’il fumait une clope. Souvent, un mot gentil ou un sourire les récompensent. ‘Il est rigolo ce chien’ ou ‘il a le cigare votre bête’ sont les mots qui reviennent régulièrement.

Le vieil homme, lui, n’a pas envie de rire. Il ne trouve rien d’amusant à la vie.

Jusqu’à il y a quelques jours, il ne s’était jamais senti vieux. Et exceptées quelques douleurs dans les genoux ou le dos, son corps marchait plutôt bien et sa tête allait parfaitement. Physiquement, il étonnait ses collègues bien plus jeunes que lui. Il assumait sans problème sa part de travail et un peu celles des autres. Il aimait travailler. Pas parce qu’il ne savait rien faire d’autre mais parce qu’il faisait un métier qu’il appréciait. Il conduisait un chariot élévateur dans une grande société et au volant de son engin, il avait l’impression d’être le héros d’un jeu vidéo.

Mentalement, c’était un homme heureux. Si la vie l’avait malmené et qu’il avait souffert, ces dernières années avaient été miraculeuses et lui avaient apportées un bonheur dont il se croyait définitivement exclu. Une femme, un beau jour, avait décidé à sa place que la vie n’était pas qu’une suite de jours creux à combler du mieux qu’on peut en attendant la mort, mais que le bonheur existait, pour lui aussi, pour le peu qu’il s’en donne la peine.

Avant ça, trois enfants avaient bien ’couronnés’ une union complètement ratée avec une femme qui l’avait presque choisi, juste pour assouvir un intense désir de maternité. Et malgré tous ses efforts, il ne s’était jamais senti partie intégrante de la famille. Pas rejeté, mais délaissé.

Il connaît ses torts. A une époque où les enfants avaient besoin de leur père, lui travaillait exclusivement de nuit et se reposait le jour. C’est la maman qui assumait toutes les charges, les repas, l’école, les maladies, quand lui ne pensait qu’aux factures à régler. Il avait bien tenté de resserrer les liens familiaux avec le peu qu’il connaissait de la vie de famille, comme des promenades sur la côte ou des cadeaux, mais si ses enfants n’avaient jamais manqué de rien, lui avait manqué le rendez-vous avec eux. Il en était arrivé à penser qu’il n’était finalement pas fait pour être père.

Le vieil homme promène son chien. Il l’emmène dans le petit bois, à quelques kilomètres de chez lui. Ils y vont régulièrement. Pour que l’animal ne s’ennuie pas, il a imaginé différents parcours qu’il combine selon son humeur et celui du chien, qui ainsi trouve un chemin d’odeurs toujours renouvelées pour assouvir son instinct animal.

Il aime vraiment son chien. C’est son seul ami et on peut dire qu’il n’a plus que lui dans la vie. Quand elle est apparue dans son existence, Isabelle est devenue le centre de son univers. Il s’est détourné sans regret du seul ami qu’il lui restait pour demeurer disponible pour elle. Elle habitait littéralement son esprit. Au travail, après une belle manœuvre avec son engin, c’est vers elle qu’il se tournait mentalement pour se venter et rigoler. Ses collègues ne connaissaient qu’elle. Lui n’en parlait pas trop mais les autres voyaient le bonheur qu’il dégageait. Ils le moquaient gentiment quand il envoyait un SMS après chaque prise de poste. ‘Je suis au boulot, mon ange’. Jamais il n’oubliait, comme jamais il n’oubliait les petits messages du milieu de journée qu’ils échangeaient.

Il était heureux. Et lui qui n’attendait plus rien de la vie a eu du mal à s’y faire.

Quand Isabelle l’a trouvé sur un site de rencontre, il passait son temps hors travail dans une petite pièce pleines de livres et de disques à jouer au Solitaire sur son écran. Elle l’a sorti de sa chambre et lui a appris à respirer et à voir. Premier resto, premier hôtel, première nuit ensemble. Lui, paniqué après une décennie d’abstinence, elle attentionnée et riante, le rassurant.

Isabelle l’a trainé partout. Lui a fait tout découvrir, le pays comme leurs corps. Malgré une vie familiale difficile, elle lui a offert son temps et son cœur. Il n’oubliera jamais leurs vacances en Bretagne, le plus beau moment de son existence.

Le vieil homme promène son chien. Il jette le bâton au loin que l’animal ramène tout fier. Il aime son chien mais regrette sa présence. Il aimerait bien maintenant être seul. Quelquefois, le vieil homme se demande si c’est pas le chien qui sort le maitre. Il aimait tellement les promenades avec Isabelle, toujours main dans la main. Il était tellement fier de la tenir, cette main, de sentir la pression de ses doigts. Il se sentait enfin accompli. Il lui disait toujours qu’elle avait fait de lui un homme. Il le pensait sincèrement! Les petits plats, le scrabble, les sorties, il arrive pas à croire que tout est aujourd’hui fini. Il arrive pas à croire qu’un seul mot puisse détruire deux vies. C’est vrai que quelques mois plus tôt, il avait senti qu’Isabelle se fatiguait de sa présence, mais il pensait avoir fait le nécessaire pour resserrer les liens. Un mot!

Aujourd’hui, après quelques mois, il n’a toujours pas compris pourquoi la vie doit toujours être cruelle et il la cherche toujours à son réveil. Il a pris l’habitude de lui parler. De parler au vide. Il se déteste. Il sait qu’il est responsable du désastre et qu’il ne pourra jamais se pardonner sa faute. Il n’a pas su lui rendre ce qu’elle lui a donné, même en partie. Ne lui a-t’elle pas dit qu’elle ne s’était jamais senti aimée? Et si quelquefois, Dieu lui pardonne, il la hait, la plupart du temps, ses yeux coulent.

Ses collègues de travail se sentent aujourd’hui mal à l’aise en sa présence. Ils savent. Lui a compris qu’il n’a plus sa place en ce monde depuis qu’il a perdu celle qu’il occupait auprès d’Isabelle. Il ne parvient pas à appréhender le néant qui lui fait face, après avoir vécu au Paradis.

‘Vers quel océan, vers quel abîme mène ce chemin où tu n’es pas’  lui chante Damien Saez.

Aujourd’hui, c’est son anniversaire que personne ne fêtera plus. Il se sent vieux et inutile. Il ne parvient même pas à se décider s’il va se pendre ou se taillader les veines. Dans leur couple, c’était toujours Isabelle qui prenait les décisions.

Alors en attendant, le vieil homme promène son chien.

 

Dépression...

 

Conseil d'administration

Publié le 19/08/2019 à 03:44 par antoine-carennac Tags : sur monde place afrique société argent dieu moi

- Jean-Claude, expose-nous ton idée pour relancer l’entreprise.

- Mais… Je sais pas...

- Jean-Claude, tout le monde ici compte sur toi. C’est pour résoudre ce genre de problèmes que tu as été nommé chef adjoint par intérim au second degré du bureau d’études.

- Je sais mais…

- N’oublie pas qu’avant ton avancement, tu n’étais que simple manutentionnaire. Faut-il te rappeler tes responsabilités vis-à-vis de la société qui t’emploie et de nos actionnaires? Et que ceux-ci ne sont pas contents des résultats de l’entreprise?

- Pourtant…

- Pourtant quoi, Jean-Claude? Les actionnaires, Dieu les bénisse, avaient prévu que ‘leur’ société serait bénéficiaire et que leurs intérêts feraient 52% de plus values en bourse pour l’année écoulée. L’année vient de se terminer et nous n’en sommes qu’à 51%! Peux-tu nous expliquer, Jean-Claude?

- Je sais pas mais…

- Tu sais pas! Quand ils me demanderont pourquoi les objectifs n’ont pas été atteints, je répondrai au actionnaires ‘Jean-Claude ne sait pas’! Tu penses que cette réponse leur conviendra? Tu penses qu’ils se satisferont de ça? Dis-nous, Jean-Claude, on est tout ouïe!

- Non mais…

- Ecoute, Jean-Claude, de notre côté, la direction a dû faire de gros efforts, de gros sacrifices. Notamment au niveau des salariés. Tous ces départs! Ce n’est pas plaisir que nous avons dû nous résoudre à ces licenciements. Ca nous a brisé le cœur, sais-tu Jean-Claude. Tous ces gens qui croyaient en nous et qui ont dû partir. On les connaissait tous, on les aimait. On forme une grande famille ici, tu le sais bien. Mais devant les mauvais résultats de l’entreprise, il a bien fallu réagir. Nous n’avions pas le choix. Tu peux comprendre ça, Jean-Claude.

- 51% au lieu de 52…

- Oui, justement Jean-Claude. 51% au lieu de 52! Vois-tu, les actionnaires ne regardent que les chiffres. Pour eux, ce petit 1% qui te semble insignifiant fait une énorme différence à leurs yeux. Ce petit 1% Jean-Claude, c’est une Porche à la place d’une Ferrari pour l’anniversaire du p’tit. C’est un safari en Afrique qui prend fin plus tôt que prévu. C’est remettre à plus tard le terrain de golf qu’ils comptaient s’offrir à Noël. Voudrais-tu priver nos actionnaires de leurs terrains de golf, Jean-Claude?

- Non, bien sûr, mais…

- Comprends bien ceci, Jean-Claude. Un actionnaire n’est pas comme tu sembles le croire une personne avide de ‘pognons’ et qui se vautre dans le luxe avec l’argent qu’il a durement gagné à la sueur du front de l’ouvrier. Non, Jean-Claude. Un actionnaire est quelqu’un qui prend de grands risques en investissant leur propre argent… S’il te plait, Jean-Claude, j’ai dit leur propre argent, pas argent propre…  je disais donc que l’actionnaire prend de grands risques en investissant dans des sociétés comme la notre.  Sans leur argent, notre société ne serait plus compétitive sur l’échiquier mondial et nos concurrents auraient vite fait de nous dévorer! Nos usines n’auraient plus qu’à mettre la clé sous la porte. Ce n’est pas ce que tu veux, n’est-ce pas Jean-Claude?

- Non mais...

- Non mais quoi, Jean-Claude? Tu ne veux plus faire partie de notre grande famille, c’est ça Jean-Claude? Nous t’avions pourtant accueilli à bras ouverts et nous comptions sur toi et tes compétences. Et au lieu de nous apporter les solutions attendues, tu bafouilles! Parle, Jean-Claude, c’est ta dernière chance. Nous t’écoutons!

- Je ne suis pas Jean-Claude. Vous l’avez licencié le mois dernier après le dernier plan social. Moi je suis Brahim, l’intérimaire qui le remplace.

 

Par un jour si beau

Publié le 12/08/2019 à 19:25 par antoine-carennac Tags : vie moi monde chez enfants coup femme mort histoire demain nuit pouvoir bleu maison

Je comprends pas ce qui se passe. Je vivais tranquillement, avec ma femme, mes deux enfants. On ne demandait rien à personne, nos relations de voisinage était excellente, vu qu’on avait pas de voisins. Il y a bien le vieux qui habite à quelques centaines de mètres de chez nous mais depuis qu’il a perdu sa femme, on ne le voit plus. Avec ma femme, on se demandait même s’il était encore vivant.

Comme il avait beaucoup plu ces derniers temps, ma femme a voulu profiter d’un rayon de soleil pour sortir les gosses, histoire qu’ils prennent un peu l’air en s’amusant dans la campagne environnante. Notre logis n’est pas très grand mais ma femme en prend grand soin. Tout est rangé et propre.

Donc, les voici partis. Je les regarde s’éloigner en pensant que je vais enfin pouvoir me reposer. Je vois les deux petits faire les fous sous le regard de leur maman qui essaie tant bien que mal de les tenir. Elle n’aime pas quand ils s’éloignent trop et tient à les avoir toujours à l’œil. Nous vivons dans un monde rempli de prédateurs de toutes sortes et nous nous devons d’être vigilants.

L’après-midi s’étire tranquillement, je farniente à tout va et entre deux siestes, je bénis ce jour ensoleillé qui me gratifie d’un calme enfin retrouvé. Quand ma femme fait alors irruption chez nous. Je n’aperçois qu’un de nos enfants. Elle est en larmes, lui visiblement traumatisé. Je me précipite et lui somme de se calmer et de me répondre.

- Que s’est-il passé? où est son frère?

- Il est mort!

- Quoi?! Qu’est-ce que tu dis??

- Il faisait tellement beau, nous sommes allés jusque dans le champ du voisin, les enfants voulaient voir le ruisseau, là où les pierres font chanter l’eau. Les enfants adorent cet endroit. Et il faisait tellement beau, tellement beau…

- Et alors? Que s’est-il passé, bon sang?

- Je ne sais pas! On était tranquille, les enfants jouaient à s’attraper quant il y a eu un coup de tonnerre! J’ai regardé le ciel, toute étonnée. Mais il était tout bleu, pas même un nuage. Alors j’ai entendu un des enfants crier! Je me suis précipitée. Notre grand était étendu dans l’herbe baignant dans son sang, comme déchiqueté!

- Mais enfin, de quoi tu parles? C’est pas possible des choses comme ça! Restez ici, je vais aller le chercher!

Quand je suis sorti j’entendais encore ma femme qui murmurait ‘il faisait pourtant tellement beau…’.

J’ai couru jusqu’à la rivière. J’ai cherché. J’ai cherché partout. Je suis resté des heures, à tourner dans tous les sens mais je n’ai pas trouvé mon petit. De guerre lasse, épuisé et démoralisé, j’ai fini par rentré chez nous.

Ma femme avait couché le petit et m’attendait les larmes aux yeux.

- Je ne l’ai pas trouvé. Demain, on y retourne et tu me montreras l’endroit exact.

Le lendemain apparut et me trouva encore debout. Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit. Ma femme s’était allongée mais elle aussi est restée éveillée. Elle devait comme moi revoir notre enfant courir, s’amuser. Semant la pagaille et énervant son frère.  Il était plein de vie, de joie. Plein d’espérance aussi. Ils avaient confiance en nous et il est mort!

J’aurais préféré que le petit reste en sécurité chez nous, mais ma femme n’a pas voulu le laisser seul à la maison. On l’a alors pris avec nous.

Cette fois, il ne courait plus devant nous comme il a pu le faire hier avec son frère ainé quand sa mère les a emmenés. Il marchait derrière nous, terrifié.

Ma femme bien que courageuse, n’en menait pas large non plus. Elle lançait des regards dans toutes les directions et surveillait surtout le ciel. Moi j’étais pressé d’y être. L’idée que le corps de mon enfant soit resté toute la nuit dehors, livré aux charognards m’était tout bonnement insupportable.

On ne retrouva pas sa dépouille. J’étais complètement démoralisé et me posai des tonnes de questions. Je regardai ma femme qui restait là, sans bouger, le visage reflétant l’absence, le regard perdu dans le néant. Je la regardai toujours quand un coup de tonnerre éclata. Je vis ma femme comme bondir en arrière dans une explosion de sang!

Je suis resté figer quelques instants, les yeux écarquillés, n’arrivant plus à penser. C’est le cri terrible de mon fils qui m’a réveillé.

Alors l’instinct a pris le dessus et j’ai hurlé! Mon cerveau ne fonctionnait plus, comme bloqué. La seule chose que j’ai réussi à faire c’est crier à mon petit ‘On court! On court!’ et nous avons couru.

On avait à peine fait trente mètres qu’un autre coup de tonnerre retenti. Je savais ce que ça voulait dire et je n’osais pas me retourner. Mais il le fallait. Il fallait que je sache. J’ai tourné la tête et j’ai vu mon enfant étalé dans son sang. Mort comme son frère. Comme sa mère.

J’ai couru comme jamais j’avais couru dans ma vie. Totalement paniqué. Et c’est juste parce que je courais que je ne me suis pas pissé dessus.

J’ai réussi à retrouver mon chez moi, en larmes, désespéré. J’avais tout perdu, on m’avait tout arraché! Il ne me restait rien. Aurais-je la force de tout reconstruire? De tout rebâtir?

C’est que ça ne va pas être facile maintenant pour un vieux lapin comme moi de retrouver une femelle qui m’acceptera et qui sera capable de tenir un terrier aussi bien que ma pauvre femme.

 

Le retour de Samson Patate!

Publié le 10/08/2019 à 11:50 par antoine-carennac Tags : moi monde amis femme mort roman extra coupable oiseaux sur fond musique histoire art

Mes amis, nous voici arrivés au moment fatidique où moi, Samson Patate, illustre détective, vais mettre un point final à cette pénible enquête dans ce contexte difficile que représente un hôpital psychiatrique et vous dévoiler le nom du coupable.

Résumons les faits: Mr Marley Connery, champion inter- continental d’Air-Combat, comme il existe des champions d’Air-Guitare, ici en villégiature pour cause de surmenage, a trouvé, de manière tout à fait involontaire et inattendue, la mort il y a deux jours, sa tête ayant été désagréablement mise en compote. Le forfait s’étant passé dans la chambre froide, je n’hésiterai pas de parler d’ice crime.

Bien qu’on ne sache pas vraiment à quelle heure eut lieu le crime, tout le monde ici présent se prévaut d’un alibi inattaquable

La première personne que j’ai rencontré fut Mme Anna Kaldyr, directrice de l’établissement. Je l’ai trouvé pleurant à chaudes larmes en lisant un roman de la collection Harlequin, ‘Un été dans des chaussettes trouées’, que lui a offert l’aimable Christophe Castaner quant il lui a confié sa femme pour soins intensifs. L’alibi de Mme Kaldyr est irréfutable: elle participait ce jour-là à un concours de belote coinchée auquel elle finit avant-dernière, n’y ayant jamais joué auparavant.

Ensuite apparaît Mr Jonas Stan Kislass, qui se prétend le fils de Margaret Tatcher. Il se disputait souvent avec la victime qui lui se ventait d’être le fils de Theresa May. Le matin même du crime, une querelle avait éclaté entre eux à propos d’une affaire sordide de canaris nains, dite l’affaire ‘nain jaune’, dans laquelle Mr Kislass avait des intérêts. J’ai d’ailleurs fourni à la police locale, représentée ici par ce monsieur en tenue de Batman, toutes les preuves nécessaires pour le faire inculper. L’affaire ‘nain jaune’ n’est rien d’autre qu’une triste affaire de trafic de drogues. Des boules de réglisse mélangées à des hallucinogènes cachées dans de faux canaris en vrai plastique. Inutile de nier, Mr Kislass, Miss Terry Yeüz a tout entendu. Vous l’avez menacé parce qu’il mangeait vos faux oiseaux! Quant à votre alibi, vous prétendez avoir regarder à la télévision un épisode de Papa Schultz en compagnie de Mr Scott Ayraide, qui est aveugle et muet. Pourquoi pas? J’ai moi-même grandement apprécié cet épisode qui retrace un moment fort de la deuxième guerre mondiale.

Passons à Mr Perry Pete Tetyssyene. Vous vous sentiez menacé par des extra-terrestres qui selon vous travailleraient pour le compte du gouvernement nord coréen, ce dont je doute. La Corée du nord a, je pense, des frontières bien trop verrouillées, même pour des petits hommes verts. Et c’est motivé par votre peur d’être enlevé, de l’aérophobie sans aucun doute, que vous êtes allé trouver Mr Connery pour qu’il vous donne des cours d’Air-Combat. Mais voila, ce dernier ne connait pas les techniques pour contrer un extra-terrestre et votre manque de souplesse ainsi que votre refus définitif de sortir de votre chaise roulante sous prétexte qu’il vous manque une jambe ou deux a fini  par lasser Mr Connery. Vous lui en avez gardé grief.

Pour finir, il nous reste Stevie Hoshow, infirmier de son état et qui était de garde ce jour-là. Son cas est limpide. Il n’avait aucun intérêt à assassiner Mr Connery, même si ce dernier était son père adoptif et qu’il envisageait de le déshériter en faveur de l’association ‘Apprendre à vivre avec un nom ridicule’. D’ailleurs, Mr Hoshow possède un alibi qui le met hors de cause. Il était en effet sous le douche en compagnie de Mme Nora Paloskar et ne pouvait donc pas tuer son père. Evidemment, il est dommage que Mme Paloskar souffre d’un terrible Alzheimer et ne se souvienne plus de rien. Mais les 1m90 pour ses 120 kg de muscles font un argument de poids en la faveur.de Mr Hoshow.

Voici comment les événements se sont vraiment passés. Mme Kaldyr étant partie avec son secrétaire particulier au concours de belotte, elle laissa le champ libre au criminel qui n’avait qu’un but: faire taire Mr Connery. En effet, ce dernier avait l’habitude de s’entrainer à son art ô combien difficile de l’Air-Combat, et tout les matins vers 10h, s’installait dans la grande salle de télé en tenue de combat. Cette tenue d’ailleurs n’était constituée que d’un slip kangourou un peu trop grand et trop pendouillant, selon Mme Paloskar.

Cet entrainement composé d’une suite d’affrontements fictifs, qu’il lui arrivait de perdre quelquefois, est fait de grands gestes mimant des combats exécutés de manière saccadée et aléatoire sur une musique de hard rock, de préférence le son poussé à fond.

C’est ici que réapparait dans notre histoire Mr Scott Ayraide! Qui passe ses journées devant la télé. Aveugle, muet, mais pas sourd!

Lui qui trompe son ennui en écoutant, car ne pouvant pas les voir, des séries débiles, même si Papa Schultz c’est pas si mal, lui dont la grande distraction est de tendre une oreille rigolarde et moqueuse aux boniments des politiciens qui font leurs shows aux journaux télévisés, bref lui qui tue le temps devant la télévision, voila que tous les jours, chaque matin, il en est empêché par cet énergumène en slip et sa terrible musique interprétée par ACDC ou Electric Frankenstein!

N’y tenant plus et profitant de l’absence de Mr Stevie Hoshow, il suivit Mr Marley Connery qui se rendit comme tous les jours après son entrainement dans la chambre froide où était stockée sa boisson récupératrice, composée, précisons-le, d’orties mentholée pour l’haleine et d’huile de friture pour la lubrification des jointures.

Voila il n’y a plus rien à ajouter. Mr Arayde commit son forfait à coups de canne avec une violence inouïe pour ses 82 ans, canne qui a été retrouvée couverte de sang et de débris d’os dans les appartements de Mr Hoshow. Une vaine tentative pour égarer les enquêteurs mais qui n’a pas trompé Patate!

Inutile de fuir, Mr Arayde. Batman vous rattrapera et vous serez jugé et condamné comme l’être abject et répugnant que vous êtes.

Voila mes amis, il est presque 20h et il est temps pour Samson Patate de s’installer devant la télévision pour profiter d’un repos bien mérité. On y diffuse une retransmission retraçant les grands moments de la guerre froide vu à travers un de ses principaux protagonistes: Max la Menace!

 

Hommage à Alphonse Allais, notre maitre à tous.

Publié le 06/08/2019 à 11:36 par antoine-carennac Tags : bonne moi monde chez coup heureux rose sur prix homme mort place dieu

- Faut reconnaître que tu parles pas beaucoup, mon vieux. Et tu es dans un état! Tu as eu des problèmes?

- Des problèmes, tout le monde en a.

- Et tu ne veux pas parler des tiens. Tu préfères souffrir en silence, c’est ça?

- Puisque tu insistes, je vais tout te raconter. Hier matin, je me suis levé super heureux! La veille, j’avais reçu la confirmation de ma nouvelle embauche avec un sms. J’avais rendez-vous le lendemain, c'est-à-dire hier.

- J’admire ta précision.

- Rouleur de boulettes chez Panzani. Alors, tu parles si j’étais content.

- J’comprends!

- Comme le rendez-vous est en fin de matinée, je me dis que je vais préparer un gâteau et inviter ma Zaza à déjeuner.

- Tiens, j’étais pas au courant que vous vous étiez réconciliés.

- On ne l’est pas. Je suis toujours une merde à ses yeux mais rien n’empêche de rêver. Donc, le gâteau. Mais avant tout, un café pour me réveiller. Comme je n’ai pas fait la vaisselle depuis quinze jours, je dois laver une tasse et une casserole pour réchauffer le café. Il est dans la cafetière depuis 5 jours et a eu le mauvais gout de refroidir. J’ouvre alors le robinet d’eau chaude. Je commence à nettoyer une tasse sans penser à rien quand soudain l’eau devient très chaude. Tellement chaude que je m’ébouillante la main.

- Tu devrais faire attention...

- T’as raison. Ma main devient rouge et double de volume. Ca fait tellement mal que je lâche la tasse en pure porcelaine de Casablanca, qui tombe par terre et se casse en mille morceaux.

- Pas de chance...

- Surtout que c’est ma tasse préférée. C’est Zaza qui me l’avait offerte. Elle était rose avec écrit dessus ‘Un dernier p’tit coup avant d’filer’. Aujourd’hui, je me dis que c’était peut-être un message…

- Désolé, je comprends pas…

- C’est pas grave. Toujours est-il qu’en ramassant les morceaux, je me coupe sévèrement à la main. La même qui était déjà brûlée.

- Ouille!

- C’est la main gauche et je suis gaucher. Elle est entaillée assez profondément et je saigne pas mal. Pour éviter de mettre du sang partout, je prends 2, 3 feuilles d’essuie-tout et j’enveloppe ma main avec.

- Bonne initiative.

En attendant, le robinet d’eau chaude continue de s’écouler. J’essaie tant bien que mal avec la main droite de le refermer mais rien à faire, l’eau continue de dégouliner. Je me dis que le problème vient du robinet lui-même et..

- Tu appelles un plombier…

- Non, je coupe l’arrivée générale d’eau. Comme j’ai tout ce qu’il faut pour effectuer une réparation, je me dis que je vais m’y mettre tout de suite. Avant ça, je soigne ma main blessée. Pommade et pansements puis je m’attaque au robinet. Me voila avec ma clé à molette pour le démonter mais comme je dois tout faire avec la main droite, moi qui suis gaucher et j’ai du mal à y arriver. Et quand je dois utiliser le tournevis, je force maladroitement et je m’enfonce sa pointe dans un doigt.

- Doigt de la main gauche donc. Dommage que tu n’as pas deux mains droites, tu te serais forcément abimé la mauvaise main.

- C’est idiot ce que tu dis. Bref, je ressors les pansements et me voici avec une jolie poupée, comme le chantait Bernard Menez.

- Qui??

- Laisse, c’est pas ton époque. Mais regarde ma main, elle est complètement enveloppée dans des bandages. Et avec ça, je dois encore réparer ce fichu robinet.

- Et tu n’as toujours pas déjeuné…

- Comme j’en ai un neuf, je décide de carrément le changer. Pas de bol, ce n’est pas le même diamètre. J’ai pas le choix, je dois en acheter un autre. Mais je tiens quand même à prendre un café. Alors j’en verse dans une tasse sale que je colle au micro-onde. Pendant que le café chauffe, Je range un peu le bordel que j’ai semé, les outils, les morceaux de tasse, les pansements. Quand le micro-onde fait ‘ding’, je sors la tasse et je m’envoie le café direct. Je sais pas sur combien de temps j’avais programmé la minuterie mais le café est brulant! C’est de la lave en fusion qui me dévore le gosier!

- Mon pauvre vieux…

- Je recrache le café, je casse une autre tasse par la même occasion et j’attrape la première bouteille qui me tombe sous la main...

- La main valide, je suppose..

- Je m’enfile la moitié de la bouteille pour apaiser mes souffrances buccales avant de comprendre que c’est la bouteille de rhum que j’avais posée là pour faire le gâteau.

- Souffrances buccales… Tu parles bien.

- Tu sais que je ne bois pas du tout d’alcool, même pas en baba. Certains d’ailleurs pensent que c’en est la preuve définitive que je suis un ancien poivrot. Alors une demie bouteille de rhum, je te dis pas l’état dans lequel je me suis retrouvé.

- Déchiré, peut-être??

- Complètement ivre! Je n’arrive plus à tenir debout. A ce niveau-là, ce n’est plus du titubage, de la titubation ou dieu sait quoi, c’est du flipper! Je me cogne dans les meubles, les murs, les portes!

- D’où les marques sur ton visages…

- J’ai la tronche en sang! On dirait un gilet jaune un samedi soir sur les boulevards parisiens! Je tiens plus debout et je rigole… L’alcool m’est vraiment néfaste, y’a pas. Puis au bout d’un moment, je me dis dans un délire proche d’une chanson d’Arno, que je dois changer cette saloperie de robinet si je veux que Zaza vienne manger du gâteau. Je grimpe tant bien que mal dans la bagnole et je file au ça bricole.

- Tu es un homme d’action.

- C’est pas ce que pensait Zaza. Me voici donc au volant, avec ma main emmaillotée, le visage tuméfié et complètement chlass. Je fonce. Je vais peut-être un peu trop vite, c’est du moins ce qu’on affirmait les keufs quand ils m’ont serrés. 110 à la place de 50 km/h.

J’ai bien essayé d’expliquer que c’est par accident que j’ai picolé, mais ma bouche est à ce moment-là complètement ankylosée par la brûlure et l’alcool. Je bégaie. Je baragouine tellement que ça me fait rigoler! Je suis mort de rire!

- Et la police aussi?

- Pas vraiment. On m’a arrêté et placé en cellule de dégrisement. Ils voulaient à tout prix que je leurs dise avec qui je m’étais battu. On m’a sucré le permis et je vais passer au tribunal. Avec tout ça, je n’ai pas pu me rendre à mon entretien d’embauche, tu t’en doutes.

- C’était pourtant la journée des boulettes..

- Et j’ai jamais fais le gâteau, j’avais plus assez de rhum.

- C’est Zaza qui a dû être déçue!